EPIC Magazine rencontre Marcelle

Merci à Julie Marti d'EPIC-magazine pour ce bel article sur notre collectif!


Départ à Lausanne où EPIC s’est entretenu avec deux Marcelles : Christelle Genier et Julianne Elise Mary. Le collectif féminin et féministe nous accorde un entretien autour d’un verre.

« Marcelle c’est un collectif féminin qui dessine, peint, découpe, explore, raconte, rigole, interpelle, célèbre, s’exprime, agit, participe, invite, surprend, secoue, s’en fout, aime… » Marcelle est née de l‘envie de créer un nouveau projet autour de la culture en mars 2017 où la place des femmes serait prédominante. « J’avais le sentiment d’avoir un petit rôle à jouer, à force de lire ou d’écouter des podcasts féministes je me suis dit qu’il fallait aussi se lancer, et offrir un espace de création entre meufs », raconte Julianne, membre et co-fondatrice de Marcelle. Après cette prise de conscience et une année de réflexion autour du projet, l’organisation est née avec une dizaine de membres. Des membres toutes artistes amatrices et proposant tous les types d’arts : dessin, sérigraphie, photo, peinture… même si les Marcelles sont issues pour la majorité des arts graphiques et pratiquent principalement le dessin et la peinture.

Après une première exposition en janvier 2018, l’idée s’est concrétisée de plus en plus. « C’est à ce moment là qu’on a développé notre logo et surtout l’écriture de notre manifeste et de notre chartre » précise Julianne. Un manifeste qui véhicule principalement une idée : chaque femme est la bienvenue, du moment qu’elle souhaite créer et partager avec de la bienveillance. L’investissement et l’implication dépend de chacune, mais il est demandé tout de même une participation à un projet par année.

La sororité avant tout

Regroupant des femmes venant d’horizons différents, tant géographiques que de formations, la palette de création est infinie. Chaque membre a son style, sa technique de prédilection, ce qui en fait aussi une force. « Toutes les personnes qui se considèrent comme femmes sont les bienvenues. L’idée est de pouvoir s’exprimer et de se servir de nos différences pour proposer de jolies choses. » raconte Julianne. Car Marcelle est avant tout un projet de plaisir, loin des contraintes entrepreneuriales ou associatives. Elle est, et souhaite rester, un espace où la liberté de création est capitale.

A l’heure actuelle, le collectif compte neuf participantes, permettant aux plus timides de puiser dans la force du groupe pour exposer leur travail. « Montrer ses productions est une étape compliquée pour certaines créatrices. Le soutien des autres Marcelles permet à celles qui ont moins confiance en elles de tout de même exposer leurs œuvres », explique Christelle Genier, membre du collectif.

Être en collectif crée aussi des synergies. Mais le processus de création et de mise en place prend inévitablement plus de temps. « Certaines anciennes membres préféraient être seules, ce qui peut être compréhensible. Lorsqu’on crée avec le groupe, il faut que l’idée convienne à tout le monde, ce qui peut ralentir l’avancée de certains projets », explique Julianne. L’esprit de collectivité implique aussi du soutien et de la sororité entre les différentes Marcelles. « La bienveillance et la sororité sont centrales pour que toutes personnes puissent créer dans un environnement accueillant. »

Féminin et féministe

Marcelle, ce nom qui sonne très mec et très populaire traduit l’idée de non-prise de tête du projet. Ce nom montre aussi l’envie de ces femmes de prendre leur place dans un monde culturel essentiellement masculin. Marcelle se revendique aussi féministe, mais pas un féminisme combatif. « On essaye de se servir de l’humour et du second degré pour exprimer notre engagement. Pour nous, c’est contre-productif d’être combatives, on souhaite avant tout faire passer un message, et si cela peut se faire avec humour alors on va le privilégier » ajoute Julianne. Véhiculer des messages de manière moins frontale à permis aussi d’inclure certaines Marcelles moins engagées dans cette direction. « Se revendiquer féministe et se battre pour ça, ça ne convient pas à tout le monde, ce qu’on comprend totalement. » précise Christelle. Se sentir légitime en tant que femme artiste est un des buts du collectif qui déplore la place (trop) importante des hommes dans la culture romande.

Les Marcelles viennent de terminer deux projets. Le premier est une fresque dans la cage d’escalier du GRAM à Renens (une ancienne usine retapée en marché, bar et vinyle shop). « On a voulu réinterpréter la création d’Adam, mais à notre manière. » explique espiègle Julianne. Le second projet est une exposition dans la vitrine du magasin la Mise en Bière aussi à Renens.

Fresque présente à GRAM

Les plans du groupe sont pour l’instant de continuer leurs activités et de s’étendre géographiquement. Elles souhaiteraient développer leurs activités à Genève, dès 2020 en fonction des propositions. « On fait des évènements pour l’instant qu’on n’aurait jamais imaginé faire. Ça nous motive encore plus à nous dépasser et à prendre conscience de notre potentiel créatif », concluent les deux Marcelles.

Si vous souhaitez rejoindre le collectif, n’hésitez pas à visiter leur site et leur envoyer un mail. Pour tout savoir de l’actualité des Marcelles : site internet, Facebook, Instagram.